Flore

Comment définir une plante de montagne ?

 

Alors que l’on peut trouver des espèces de plaine au dessus de 1000 m, il est très rare de trouver des plantes montagnardes bien au dessous de 1500 m. On trouvera sur le schéma ci-contre les cinq étages de végétation rencontrés dans la plupart des montagnes, même s’ils se succèdent progressivement, et peuvent varier selon les montagnes. De manière générale, plus on va au nord, plus l’altitude de ces étages diminue.

Le facteur essentiel est la baisse de température moyenne avec l’altitude croissante (0,55°C tous les 100m), ce qui va directement conditionner la biologie des végétaux. Ce gradient thermique varie selon les saisons, l’exposition, la continentalité, et a permis de définir des étages de végétation depuis la plaine jusqu’au sommet des montagnes.

Ces différents niveaux ont été désignés comme étages collinéen, montagnard, subalpin, alpin et nival.

Etages de végétation en montagne

Les étages de végétation

Etage collinéen

Pour se donner une idée de son emplacement, on peut penser aux villages de fond de vallée, avec leurs champs cultivés, et des forêts de chênes, châtaigners, charmes…La température moyenne sur l’année y est de 11°C, avec une période de végétation de 8 a 9 mois. Sa limite supérieure dans les Alpes du sud est de 1000 m, car il bénéficie d’un climat méditerranéen, contrairement aux Alpes du Nord, 800 m.

Etage montagnard

mélezeIl correspond aux zones de pâturages, jusqu’à 1800 m environ. La température moyenne sur l’année est de 8°C, avec une période de végétation de 7 mois environ. On y trouve encore des forêts de hêtres et de sapins, et, dans les alpes du sud, et l’on peut déjà y voir l’arbre roi de nos montagnes: le mélèze.
Au début du printemps , le mélèze fleurit, et certains en font une excellente liqueur ! et même de la confiture…
C’est l’étage forestier par excellence, avec prairies de fauche et pâtures. Les cultures se font essentiellement à l’adret.

fleur de meleze

Etage sub-alpin

C’est à cet étage que se situe Saint-Véran.

Le végétation commence à de raréfier. Elle se compose essentiellement de forêts de résineux, tel le sapin, le pin cembro, le pin à crochets, et le mélèze dont c’est l’altitude de prédilection. Entre 1900 m et 2400 m, la période de végétation s’abaisse nettement entre 3 et 5 mois. La température moyenne sur l’année est nettement plus fraîche ! entre 3 et 5°C. Ce qui n’empêche pas l’été d’être chaud, les températures pouvant monter à 25°-28°C. Les landes sont composées d’arbustes comme le rhododendron, le génévrier, le raisin d’ours…les moutons y montent en estive, sur de grandes surfaces de pelouses. On commence à y voir ça et là rochers et éboulis.

A partir de la mi-mai, la flore se réveille : les fleurs, les une après les autres vont apparaitre, et c’est un véritable festival jusqu’à la mi-juillet, environ 800 espèces répertoriées !

En voici quelques unes, parmi les plus belles….

Sous-bois

Prairies

Lieux humides

Les orchidées sont également très présentes dans le Queyras et dans les Hautes-Alpes

 

Etage alpin

A cette altitude, les arbres ont beaucoup de mal à vivre et à se développer. On parle souvent de « zone de combat », terme très explicite : certains arbres arrivent tout de même à s’implanter, de plus en plus isolés. Entre 2400 m et 2900, on atteint les 200 nuits de gelée par an; à cet étage, on peut penser que la présence d’arbres est due à un micro-climat local.

Rochers et éboulis dominent, l’herbe est rase, ambiance de steppe. Il peut neiger à toute époque de l’année. La température moyenne sur l’année est de 2-3°C, et la période de végétation de moins de trois mois.

Les fleurs encore présentes malgré ces difficiles conditions de vie, s’adaptent pour mieux résister : nanisme, un port ramassé ou en rosettes qui sont une bonne adaptation à l’enneigement, et des racines bien développées pour résister aux vents violents qui sévissent souvent à cette altitude.

Une autre adaptation étonnante est la faculté de se gorger d’eau très concentrée en sels dissous, qui abaissent le point de congélation de l’eau, permettant ainsi à la plante de mieux résister au gel.

Poils isolants, feuilles souvent sombres, limitent la perte de chaleur.

On remarque également que la plupart des plantes d’altitude et de haute altitude sont vivaces (95%), ce qui limite la dépense d’énergie à produire des graines, beaucoup se reproduisent également par stolons et propagules.

 

En altitude

Etage nival

A 3500 m et plus, c’est un domaine complètement minéral, agrémenté de mousses et de lichens, avec une période de végétation quasi inexistante. C’est le pays des neiges permanentes, au plus y trouverons-nous edelweiss et du génépi, bien adaptés pour survivre dans cet environnement extrème.

Dans le Queyras, pas de sommet au dessus de 3320 m (pic de Rochebrune)

Dans les Hautes Alpes, seule la barre des Ecrins garde des neiges éternelles…

… à 4102 m

 

Barre des Ecrins

Queyras et Biodiversité

Il existe en France environ 6800 espèces de plantes, et l’on en trouve pas loin de la moitié dans Les Hautes-Alpes ! Autant dire que la bio-diversité ici n’est pas un vain mot. Les prés « de fauche » vont ainsi fournir un foin d’une qualité exceptionnelle : il ne seront fauchés que lorsque les fleurs seront « passées » et auront disséminé leurs graines, garantissant ainsi la préservation des espèces.

Pas d’engrais ici, c’est le fumier des étables de l’hiver précédent, sorti au printemps, mis quelque temps en tas à l’extérieur, qui sera épandu à l’automne dans les prés.

Lors d’un Festival nature de Saint-Véran a eu lieu une conférence sur la biodiversité dans les Alpes du Sud, extrèmement intéressante, et présentée par l’Association Terra Biodiversita, qui s’attache (s’attachait ? il semble qu’elle n’existe plus…) à la vulgarisation scientifique dans le domaine de l’environnement auprès du public.

Biodiversité vient de « bio » la vie, et « diversity », diversité, concept crée en 1986 par le biologiste américain Edward O. Wilson.

On la retrouve à trois niveaux différents : la diversité des espèces, la diversité des gènes (caractéristiques génétiques au sein d’une espèce), et la diversité des écosystèmes.

La grande biodiversité dans les Alpes du sud s’explique en partie par la variété des écosystèmes : forêts, rivières, marais, falaises, rochers isolés, broussailles….Et pas seulement celles des plantes, mais aussi celle des papillons de jour, des mammifères, la richesse en espèces endémiques (espèces n’existant nulle part ailleurs dans le monde)

Les Alpes du Sud sont la seule région de France, avec les Alpes du Nord, à posséder 4 espèces de grands herbivores (cerf, chevreuil, chamois, bouquetin), deux grands prédateurs (loup et lynx), et où l’on trouve 4 espèces de vautours (gypaète, percnoptère, vautour fauve et vautour moine)

Les zones de montagnes sont en général particulièrement riches en biodiversité. L’altitude, la pente et l’exposition influent sur les conditions de croissance des plantes qui peuvent être totalement différentes à quelques mètres de distance grâce par exemple à des ruptures de pente, d’où une forte diversité des plantes de montagne. Le type de roches, et donc le type de sol, très diversifiés en montagne influe aussi énormément sur la diversité de la flore. La latitude : on trouve en effet une diversité d’espèces animales ou végétales beaucoup plus élevée au sud qu’au nord.

(informations extraites de la conférence)

 

Evolution, changement climatique

Le réchauffement climatique affecte la flore des montagnes

« L’augmentation des températures pousse certaines espèces à migrer vers des altitudes plus élevées.
Il faudra monter de plus en plus haut pour trouver gentianes et edelweiss dans nos montagnes. L’accélération du réchauffement climatique crée en effet un stress important chez les plantes des montagnes du continent européen et les pousse à migrer vers des altitudes plus élevées, révèle une étude publiée jeudi 20 avril dans la revue américaine Science.
Ces travaux s’appuient sur un inventaire détaillé de la flore de 66 sommets situés entre le nord de l’Europe et la Méditerranée. Un groupe international de scientifiques, coordonné par l’Académie autrichienne des sciences et l’université de Vienne, a établi une carte de toutes les espèces de plantes se trouvant sur chacun des sites étudiés en 2001 puis en 2008.

« Nos résultats montrent un déclin des variétés de plantes sur les sites méditerranéens », explique Harald Pauli, du Global Observation Research Initiative dans les environnements alpins (Gloria), qui a coordonné ce projet. En revanche, un accroissement du nombre des espèces a été observé sur les montagnes dans le nord et le centre de l’Europe. Par ailleurs, « les disparitions d’espèces ont été les plus prononcées sur les sommets les moins élevés, où les plantes souffrent plus tôt du manque d’eau, que sur les montagnes plus élevées, qui restent plus longtemps enneigées », précise Harald Pauli.
Le réchauffement du climat et la diminution des précipitations dans la région méditerranéenne au cours des dernières décennies correspondent parfaitement à la diminution du nombre d’espèces végétales constatée.

Le phénomène risque donc de s’accentuer. Selon les projections, « la plus grande partie de la région autour de la Méditerranée va devenir encore plus sèche au cours des prochaines décennies », souligne Georg Grabherr, président du Gloria. Conséquence : « L’impact du changement climatique avec la montée des températures, combiné à la sécheresse grandissante, va probablement menacer de plus en plus la flore des montagnes de cette région sur le continent européen, mais aussi dans le reste du monde »
(source Francetv info avec AFP, avril 2012)

…Mais rassurez-vous : vous avez encore du temps pour admirer les millions de fleurs qui envahissent nos prairies en début d’été, et celles qui colonisent les prairies et rocailles d’altitude au coeur du mois d’août.

Passionnés par la flore de montagne ? des ouvrages incontournables :

Guide Des Fleurs De Montagne

C. Grey Wilson/M. Blamey-Éditions Delachaux et Niestlé

Orchidées sauvages des Hautes-Alpes

Olivier Tourillon- Editions des Hautes-Alpes

…et un site de référence :

FloreAlpes

prairie en queyras au printemps